Différence OPCA et OPCO : comprendre les organismes de financement

Depuis 2019, la loi « Avenir professionnel » a supprimé les OPCA au profit des OPCO, bouleversant l’organisation du financement de la formation en France. La répartition des branches professionnelles et des missions a été revue, modifiant les interlocuteurs des entreprises en matière de gestion des fonds de formation.

Certaines missions assurées par les OPCA n’ont pas été transférées aux OPCO, notamment la collecte de la taxe d’apprentissage, désormais confiée à l’URSSAF. Cette évolution législative a généré de nouvelles obligations pour les employeurs et redéfini le périmètre des organismes de financement.

Les OPCA et OPCO : deux acteurs clés du financement de la formation

Jusqu’en 2019, les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA) tenaient le rôle de pivot dans la collecte et la gestion des fonds destinés à la formation professionnelle. Ils épaulaient les entreprises pour faire grandir les compétences des salariés : financement des formations, démarches administratives, conseils personnalisés sur les dispositifs existants. Chaque branche s’appuyait sur son OPCA de référence pour piloter la montée en compétences de ses équipes.

Avec la réforme, les opérateurs de compétences (OPCO) arrivent en scène. Onze OPCO prennent le relais, organisés par grands ensembles de métiers. Leur champ d’action s’élargit et gagne en proximité :

  • Accompagnement renforcé des TPE/PME pour bâtir leur plan de développement des compétences
  • Gestion des contrats en alternance, apprentissage et professionnalisation
  • Appui technique aux branches pour anticiper et réagir face aux mutations économiques

Mais la vraie bascule ne tient pas qu’au nom. Les opérateurs de compétences disposent de missions renouvelées : conseils terrain, financements adaptés à la taille des entreprises, accompagnement sur les parcours de formation professionnelle en alternance. Résultat : l’interlocuteur des entreprises change, tout comme les modalités de gestion de la contribution à la formation. Le financement se veut désormais plus mutualisé et plus simple à manipuler, pour soutenir l’évolution des compétences côté entreprises comme côté salariés.

Pourquoi la réforme a-t-elle transformé les OPCA en OPCO ?

L’apparition des opérateurs de compétences découle directement de la loi “Liberté de choisir son avenir professionnel” de septembre 2018. L’objectif était clair : dépoussiérer le système du financement de la formation professionnelle et le rendre compréhensible par ceux qui en ont le plus besoin. L’ancien modèle, trop morcelé, montrait ses limites pour accompagner efficacement la montée en compétences des employés et permettre aux branches professionnelles de s’adapter vite à un monde du travail en mouvement.

La réforme poursuit plusieurs finalités précises :

  • Fluidifier la gestion de la contribution à la formation pour les entreprises
  • Structurer les dispositifs autour de familles de métiers cohérentes
  • Assurer un accompagnement de proximité aux TPE/PME
  • Booster l’alternance et renforcer la qualité des parcours professionnels

Désormais, onze opérateurs de compétences couvrent l’ensemble des branches professionnelles. Cette organisation s’appuie sur les conventions collectives et s’adapte à la réalité du terrain, en collant au plus près des besoins en compétences. Grâce à une gouvernance paritaire, les OPCO tiennent la balance entre les attentes des entreprises et celles des salariés. Prenons le secteur de la cohésion sociale : il dispose d’un opérateur dédié, l’OPCO Cohésion sociale, capable d’anticiper les évolutions des métiers et d’accompagner les transformations du travail.

Fonctionnement des OPCO : missions, rôle et accompagnement des entreprises

Les opérateurs de compétences (OPCO) forment aujourd’hui le socle du financement de la formation professionnelle. Ils ne se limitent plus à collecter la contribution à la formation : leur mission s’étend au conseil, à l’accompagnement et à l’orientation des entreprises pour faire progresser les compétences de leurs équipes.

Voici les trois grands axes autour desquels s’articulent les missions des OPCO :

  • Financement des formations des salariés et des contrats d’apprentissage ou de professionnalisation
  • Appui technique aux TPE/PME pour analyser leurs besoins et bâtir un plan de développement des compétences adapté
  • Accompagnement des branches professionnelles pour anticiper les évolutions des métiers et soutenir la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC)

Chaque OPCO intervient selon le secteur d’activité de l’entreprise. Cette répartition assure une compréhension fine des enjeux et permet une réponse personnalisée aux attentes des entreprises adhérentes.

Les services varient en fonction de la taille et du secteur de l’organisation : conseils pour constituer les dossiers, prise en charge des frais, accompagnement dans la sélection des formations pertinentes. Les opérateurs de compétences deviennent ainsi des partenaires de terrain, particulièrement précieux pour les TPE/PME qui se retrouvent souvent démunies face à la complexité administrative du financement de la formation.

Deux hommes discutant devant tableau blanc en entreprise

OPCA versus OPCO : ce qui change concrètement pour les employeurs et les salariés

Le passage des OPCA aux OPCO a fait bouger les lignes du financement de la formation aussi bien pour les employeurs que pour les salariés. Les vingt OPCA d’hier ont laissé la place à onze opérateurs de compétences, mieux organisés par grands domaines. Cette nouvelle architecture sectorielle offre un accompagnement plus proche des réalités professionnelles, notamment sur l’alternance et le plan de développement des compétences.

Côté entreprises, le lien avec la branche professionnelle se renforce via l’OPCO désigné. Mutualisation des ressources, démarches administratives simplifiées, spécialisation sectorielle : l’accès aux dispositifs de formation professionnelle devient plus direct. Les employeurs disposent d’un conseil plus pointu et d’un accompagnement personnalisé pour piloter la gestion des compétences et optimiser l’utilisation de la contribution à la formation.

Pour les salariés, la réforme ouvre la porte à des formations certifiantes, reconnues au RNCP, et à des parcours davantage ajustés aux besoins des métiers. L’OPCO joue le rôle d’interface entre l’organisme de formation et l’employeur, garantissant la qualité (grâce à la certification Qualiopi) et la pertinence des actions menées.

Autre nouveauté : la possibilité de solliciter directement la Caisse des Dépôts pour utiliser le CPF, ce qui confère aux salariés une liberté inédite dans la construction de leur parcours professionnel. Cette redistribution des missions clarifie les rôles et réduit les frictions, même si elle pose de nouveaux défis en termes de coordination entre les différents financeurs et acteurs de la formation professionnelle.

Réforme après réforme, la formation professionnelle continue de se réinventer. Les entreprises, les salariés et les organismes de financement avancent désormais sur une nouvelle carte, où l’agilité et l’accompagnement prennent le pas sur la lourdeur des anciens dispositifs. Le terrain reste mouvant, mais les repères se redessinent, plus lisibles, pour celles et ceux qui veulent aller plus loin.